Qui est Ludmila Sabaneeva ?

Ludmila SABANEEVA, la mère de l’artiste-peintre Sergei Chepik (1953-2011), est née le 23 février 1922 à Jitomir, une ville très ancienne située à l’ouest de Kiev. Son père, D.P. Sabaneev (1889-1953), descendant d’une vieille famille de la noblesse russe, était un chirurgien et professeur de médecine éminent qui fut le camarade de classe de l’écrivain Mikhail Boulgakov, d’abord au lycée Alexandre, puis à la faculté de médecine de Kiev qu’il acheva, comme Boulgakov, en 1916. Elle grandit à Kiev où son père exerçait la médecine.

En 1948, elle entre à l’Institut des beaux-arts de Kiev où elle étudie la sculpture dans l’atelier du professeur Guelman. En 1951, elle épouse le peintre Mikhail Maximovitch Chepik (1920-1972) et, en 1953, met au monde son fils unique, Sergei. Diplômée en 1954 de l’Institut des beaux-arts de Kiev et membre de l’Union des artistes d’URSS dès 1959, elle travaille comme sculpteur professionnel à Kiev jusqu’en 1977. Elle participe chaque année à de grandes expositions collectives, en Ukraine et en Russie. Les autorités ukrainiennes lui commandent plusieurs monuments – monuments aux morts, monuments à des hommes célèbres comme Pirogov ou Kourtchatov. Des œuvres sculptées en marbre, en bronze et en terre cuite étaient jadis conservées au musée d’Art ukrainien de la ville de Kiev ainsi qu’au musée des beaux-arts de Smolensk.

En 1979, elle quitte définitivement Kiev, abandonnant son atelier et sa carrière de sculpteur, pour s’installer à Leningrad afin de s’occuper de son fils et de son petit-fils, tout en continuant à travailler la céramique. Après plusieurs séjours chez son fils à Paris entre 1989 et 1992, elle s’installe définitivement en 1993 à Montmartre, à quelques pas de l’atelier de Sergei Chepik, et s’occupe toujours de son petit-fils qui a émigré avec elle. Elle se remet à la sculpture (plus exactement au modelage) et réalise un certain nombre d’oeuvres en terre cuite qui reprennent souvent les thèmes que son fils traite en peinture. C’est ainsi qu’elle réalise plusieurs oeuvres en terre cuite vernissée sur le thème de la Vierge à l’Enfant en 2003 et 2004, alors que Sergei Chepik travaille aux toiles pour la cathédrale Saint-Paul de Londres. Parmi les thèmes qu’elle affectionne, ceux du folklore russe et des baladins sont les plus réussis, mais c’est le monde innocent de l’enfance, souvent associé à la présence complice et tendre d’animaux, qui est sa principale source d’inspiration. Pour cette femme de grand talent mais solitaire, dépourvue de toute ambition professionnelle, l’amour de son fils unique a toujours primé sur l’amour de l’art : sans aucun doute Sergei Chepik a été à ses yeux sa plus belle création, à laquelle elle a tout sacrifié.

Cinq mois après la mort de son fils, elle est victime d’une attaque cérébrale. Elle s’éteint le 12 février 2016 à Cormeilles-en-Parisis, dans la maison de retraite russe Zemgor, quelques jours avant son 94e anniversaire